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Plongée dans la Genèse de la 3D et des Effets Spéciaux
Imagina : Le Génie Créatif qui a Façonné la 3D Européenne
Dans l'univers en constante évolution de l'image numérique, rares sont les événements qui ont laissé une empreinte aussi profonde et durable que le festival Imagina. Véritable laboratoire d'innovation et carrefour de rencontres, ce salon monégasque a été, pendant trois décennies, le cœur battant de la création d'images de synthèse et des nouvelles technologies en Europe.
Pour ceux qui ont eu la chance de le connaître, son nom évoque une ère de découvertes et d'effervescence; pour les plus jeunes, il est la clé de compréhension des fondations de la 3D telle que nous la connaissons aujourd'hui.
L'Aube d'un Nouveau Monde : Les Premiers Pas d'Imagina et l'Émergence de la 3D (Pour les nostalgiques)

« Au début des années 1980, je me souviens … » l'image de synthèse était une discipline naissante, confidentielle, réservée à une poignée de passionnés et de chercheurs. C'est dans ce contexte que le festival Imagina voit le jour en 1981, sous l'impulsion de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), qui l'organise dans le cadre du prestigieux Festival international de télévision de Monte-Carlo.
Initialement baptisé « Forum international des nouvelles images », ce rendez-vous pionnier prendra le nom évocateur d'Imagina en 1986. Son objectif était clair et ambitieux : promouvoir et diffuser les nouvelles technologies de l'image, notamment la 3D, auprès d'un public ciblé de professionnels, chercheurs, artistes et industriels.
Les premières éditions d'Imagina sont rapidement devenues le rendez-vous incontournable d'une « petite communauté passionnée par la création d’images par ordinateur ». C'était un lieu de convergence où se mêlaient les esprits les plus brillants de l'époque, des universitaires aux ingénieurs en passant par les artistes visionnaires.Les sessions de ces années fondatrices exploraient des sujets qui semblent aujourd'hui triviaux mais qui étaient alors à la pointe de la recherche : la modélisation du corps humain, l'utilisation des grands calculateurs, la vision par ordinateur, la reconnaissance des formes et même l'holographie.
Dès 1981, les toutes premières démonstrations de 3D étaient présentées. L'application du « computer graphics » touchait déjà des domaines variés comme le design, l'architecture, la mode, l'automobile, la publicité vidéo et le cinéma d'animation. Les sources citent l'exemple d'Imagina 1991, où des films comme Splash Dance (modélisation de l'eau), A Passing Shower (simulation d'environnement) et Mise En Seine (simulation architecturale) illustraient la diversité des usages des images de synthèse. En 1988 déjà, le festival exposait les premières « images “intelligentes” » issues de l'infographie et de l'intelligence artificielle de l’époque, ouvrant la voie à des applications où l'image pouvait interagir ou s'adapter.
Un élément emblématique de cette période fut la création des Prix Pixel-INA en 1985. Ce prix, récompensant les créations les plus innovantes en images de synthèse, remettait aux lauréats un trophée singulier : une théière.
Cette théière n'était pas choisie au hasard ; elle était un hommage direct à la célèbre « théière de Newell », modèle 3D créé en 1975 qui était devenu un symbole universel de la création d'images par ordinateur. Ces prix ont joué un rôle crucial en encourageant la créativité, en stimulant la compétition et en valorisant les talents émergents, contribuant ainsi à attirer l'attention des médias et du grand public sur les potentialités de la 3D.
Le Tremplin Technologique : Imagina au Cœur des Révolutions Numériques (Pour les jeunes et les curieux)
Les années 1990 ont marqué une période d'expansion et de consolidation pour Imagina. Le salon a pris une envergure considérable, accueillant plus de 6 000 professionnels en 1996. Chaque édition était rythmée par des thématiques fortes qui reflétaient l'évolution fulgurante du secteur et annonçaient les tendances à venir :
· 1992 : « À la conquête des mondes virtuels ». Cette édition explorait les animations, l'art génétique et les effets spéciaux, posant les bases des univers immersifs qui allaient bientôt transformer l'industrie.
· 1993 : « Temps réel et ses applications en communication et univers virtuel ». C'était l'année de la téléprésence et de la télé-virtualité, où l'on explorait la capacité d'interagir en temps réel dans des environnements virtuels partagés.
· 1995 : « Ère Cyber ». Cette thématique fut une véritable charnière. Elle a symbolisé le passage d'une image de synthèse statique à une image dynamique, interactive et immersive. C'est là que des notions comme le virtuel, le cyberespace et la simulation ont été popularisées, redéfinissant notre perception des images et des mondes numériques. Des démonstrations spectaculaires y ont été réalisées avec l'utilisation des données GPS en temps réel, comme le traçage des trajectoires lors de la régate de la Coupe Louis-Vuitton, ou encore la présentation d'un assistant de déplacement pour les aveugles.
· 1998 : « Le numérique intégral ». Cette édition a exploré les impacts du tout-numérique sur l'ensemble de la chaîne de création et de production.
Imagina était une vitrine inégalée des dernières innovations. Le festival a été le théâtre des premières applications de temps réel et de réalité virtuelle, avec des démonstrations de téléprésence et de mondes virtuels interactifs. Vers la fin des années 90, il a accueilli des démonstrations de capture de mouvement (ou Mocap : Motion Capture) en temps réel, comme lors de l'édition 1998, où un mannequin équipé de capteurs animait des vêtements virtuels avec simulation du drapé pour un défilé de mode signé Thierry Mugler.
Les effets spéciaux numériques étaient au cœur de nombreuses présentations, notamment une démonstration célèbre en 1997 montrant l'intégration d'une grange entièrement en images de synthèse, détruite par un tourbillon numérique, dans une scène filmée, illustrant la puissance de l'intégration du numérique dans le cinéma. L'essor de l'animation 3D et la création de personnages virtuels étaient également des points forts, annonçant la révolution qui allait transformer le cinéma et les jeux vidéo.
Le rayonnement d'Imagina dépassait largement les frontières européennes. Le salon est rapidement devenu une vitrine internationale de la création numérique, attirant des noms prestigieux tels que Jaron Lanier (pionnier de la réalité virtuelle) et John Lasseter (co-fondateur de Pixar), ainsi que de nombreux chercheurs, infographistes, éditeurs de logiciels et artistes. Imagina a également noué des liens étroits avec les grands événements internationaux, notamment le SIGGRAPH américain, où il disposait d'un stand chaque année. Cette ouverture a favorisé les collaborations internationales et l'émergence d'un marché global de la 3D. En rassemblant une communauté pluridisciplinaire, Imagina a accéléré la diffusion des innovations et contribué à la professionnalisation du secteur des effets spéciaux, en mettant en avant de nouveaux métiers et compétences liés à l'image de synthèse et à la postproduction numérique.
Un Héritage Durable : D'Imagina à la 3D d'Aujourd'hui (La résonance actuelle)
L'aventure Imagina, telle que l'INA l'avait initiée, a pris fin avec le désengagement de l'Institut en 2000. Le festival a ensuite changé de format sous l'égide de Monaco Mediax de 2002 à 2012, avant de disparaître complètement. Ironiquement, la dénomination « Imagina » a depuis été reprise par un congrès de dentistes…
Pourtant, malgré sa disparition physique, l'héritage d'Imagina reste profondément vivant et continue de façonner les technologies actuelles de la 3D. Le festival a joué un rôle clé dans la démocratisation de la 3D et des effets spéciaux en les rendant visibles, accessibles et attractifs pour un large public professionnel et médiatique.
Ce que l'on doit à Imagina est immense :
· L'inspiration d'une génération : Imagina a été un laboratoire d'innovation qui a inspiré toute une génération de créateurs et de techniciens, dont beaucoup travaillent aujourd'hui au cœur des industries du cinéma, du jeu vidéo, de la réalité virtuelle et du design. Les valeurs d'expérimentation et de partage qu'il a promues sont toujours des moteurs pour la communauté professionnelle.
· La structuration du secteur européen : Le festival a été un point de ralliement incontournable qui a permis à l'Europe de se positionner face aux géants américains comme le SIGGRAPH. Il a favorisé la création de réseaux professionnels, la diffusion des savoirs et l'émergence d'une véritable industrie européenne de la 3D, reconnue pour sa créativité et son excellence technique.
· L'anticipation des technologies actuelles : Imagina a anticipé et popularisé des concepts aujourd'hui centraux dans la 3D moderne : l'interactivité, la réalité virtuelle, la capture de mouvement, l'intégration d'objets virtuels dans des scènes réelles et la simulation physique. Ces innovations, présentées en avant-garde, ont ouvert la voie aux technologies utilisées quotidiennement dans le cinéma, la télévision, les jeux vidéo et la réalité augmentée.
· Des archives précieuses : Les archives d'Imagina, conservées notamment à l'INA, constituent une source d'une valeur inestimable pour comprendre l'évolution de la 3D et des effets spéciaux. Un reportage du « A2 Le Journal de 13H » de 1989, tourné au Forum IMAGINA à Monte-Carlo, montre déjà des extraits de films d'images de synthèse comme « Wired » et « Tin Toy », et des interviews soulignant l'apport de ces images en architecture et dans l'art. Ces ressources continuent d'inspirer chercheurs et créateurs.
En résumé, Imagina fut bien plus qu'un simple salon ; il a été un acteur clé et un catalyseur de la révolution numérique de l'image en Europe. En créant un espace unique de rencontre, de démonstration et de compétition, il a non seulement popularisé la 3D et les effets spéciaux auprès d'un large public, mais a également jeté les bases d'une industrie florissante. Son influence continue de se faire sentir dans les pratiques et les technologies actuelles, témoignant de son rôle fondateur dans la culture et l'industrie de l'image numérique contemporaine. Imagina résonne aujourd'hui comme le symbole d'une époque où l'imagination rencontrait la technologie pour donner naissance à des mondes virtuels et des images qui ont redéfini notre rapport à l'art, au divertissement et même à la science.
A titre personnel je me souviens d’avoir pu regarder, sur Canal + de mémoire, des émissions sur Imagina, Toutes les vidéos étaient présentées chaque année. J’avais loué à la Médiathèque les CD-Rom de l’édition pour pouvoir observer ce monde auquel je n’avais pas encore accès, qui m’était si lointain que je ne pensais pas qu’un jour je pourrais ne serait-ce que mettre un pied dans ces univers.
Un film me revient « Kaena,
la prophétie » en 2001.
C’était fou pour l’époque et on commençait à voir les prémisses des effets spéciaux, de la 3D photo réaliste. Avec notamment Final Fantasy la même année (2001)
Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé. Et à la fois, certaines personnes pensent ne jamais pouvoir accéder à leurs rêves. A ceux-là je dirais qu’il ne tient qu’à vous !
Message d’un vieux con qui n’y croyait pas lui-même !
Restez Curieux !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Imagina
https://3dvf.com/actualite-5552-nostalgie-retour-sur-debuts-d-imagina-22-janvier-html/
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab89006756/imagina
https://3dvf.com/actualite-2926-retour-sur-imagina-en-video-html/