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 « Si une IA peut faire votre travail, c’est que vous ne serviez à rien »

« Si une IA peut faire votre travail, c’est que vous ne serviez à rien »

Ou comment l’ère des machines révèle l’échec du management humain

« Si vous êtes remplacé par une IA, c’est que vous étiez remplaçable. »

C’est la petite phrase qui tue, qu’on balance comme une vérité froide, logique, implacable.

Elle circule dans les open spaces, les conférences sur l’innovation, les post LinkedIn qui se veulent disruptifs. Elle flatte ceux qui « s’adaptent », elle humilie ceux qu’on écarte. Elle sonne moderne, tranchante, darwinienne. Mais est-elle vraie ? Est-elle juste ? Et surtout, à qui profite-t-elle vraiment ?

Ce discours est à la fois symptomatique et toxique : il valide un modèle de pensée qui fait passer la performance technique avant l’intelligence humaine.

Il confond l’humain avec sa fiche de poste. Il oublie ce qu’est réellement le travail, au quotidien, dans toute sa complexité.

Alors posons-nous sérieusement la question :

Être remplacé par une IA, est-ce la preuve qu’on ne valait rien ? Ou est-ce plutôt le signe qu’on n’a jamais été reconnu pour ce qu’on apportait réellement ?

***

De nombreuses entreprises se fient au discours médiatique sur les IA et ce qu’elles sont capables de faire. En occultant ce qu’elles ne font pas.

La promesse est là, mais le résultat se fait attendre, voire les entreprises et leurs dirigeants font face à l’effet "déceptif" par rapport à la promesse d’origine.

La motivation et surtout l’engagement tant recherché des employés est pire qu’auparavant. On fait face à un DÉSENGAGEMENT.

NOTA BENE :

"Intelligence Artificielle"… mais quelle intelligence au juste ?

En français, le mot "intelligence" évoque la compréhension, le raisonnement, parfois même un certain génie humain.

Mais en anglais, "intelligence" désigne tout autre chose : les informations collectées (comme dans "military intelligence" ou "business intelligence").

💡 Quand on parle d’Artificial Intelligence en anglais, on ne désigne pas forcément une machine intelligente au sens humain du terme. On parle surtout d’un système capable de traiter, analyser et prédire à partir de données.

👉 Alors quand on dit "intelligence artificielle" en français, on imagine souvent HAL, Jarvis ou ChatGPT qui pense tout seul. Mais ce n’est pas le cas.

L'IA, c’est surtout de la capacité à traiter l'information à grande vitesse, pas de la conscience.

🧠 Et si on arrêtait de fantasmer une IA "plus intelligente que nous" pour commencer à mieux comprendre ce qu’elle est réellement : un outil puissant, pas une entité pensante. Restons curieux, mais gardons les mots justes !

***

Oui, certaines fonctions sont remplaçables. Et parfois, c’est une bonne chose.

Commençons par l’évidence : l’IA permet d’automatiser des tâches que beaucoup considèrent comme inutiles, répétitives, sans valeur ajoutée. Et c’est tant mieux.

De nombreuses fonctions administratives, de reporting ou de production de contenu standardisé peuvent aujourd’hui être accomplies par des outils d’IA générative ou prédictive. Des tâches comme :

  • La génération de rapports PowerPoint hebdomadaires avec des KPI standardisés
  • La rédaction de descriptions produits ou de contenus optimisés SEO
  • Le tri automatique de CV en fonction de mots-clés (mais passent à coté d'excellents candidats; n’ayant pas coché les bonnes cases … celles remplies par les IA ?)
  • La gestion des emails, des plannings, ou des réponses automatisées au service client

👉 Exemples concrets :

  • Des entreprises utilisent ChatGPT, Claude ou Gemini pour écrire des synthèses ou des mails types, gagnant ainsi plusieurs heures par semaine.
  • Des agences de communication se servent de MidJourney ou DALL·E pour générer des visuels « placeholders » sans passer par un créatif.
  • Certaines rédactions, comme celle de l’agence Associated Press, utilisent des IA pour générer des dépêches sportives ou financières.

Dans ces cas-là, l’automatisation permet de dégager du temps pour des tâches stratégiques, créatives ou humaines. Cela allège la charge mentale, réduit les erreurs et évite de surmobiliser des talents sur des tâches sans relief.

Et c’est là qu’on pourrait croire que ceux qu’on remplace par ces IA étaient effectivement remplaçables.

Mais…

***

🧯Ce n’est pas l’humain qui est remplaçable, c’est le poste qu’on lui a assigné.

Creusons un peu.

Si une IA remplace facilement une personne, ce n’est pas nécessairement parce que la personne était incompétente ou inutile. C’est souvent parce qu’on avait déjà vidé son rôle de toute complexité humaine.

👉 Exemple : Un journaliste cantonné à la réécriture de dépêches d’agence devient remplaçable. Mais est-ce un problème de journaliste… ou de média qui a réduit le journalisme à une chaîne de montage éditoriale ?

De même, problème de lecteurs/ visionneur de contenus qui consomme des posts, des articles faiblement rédigés, sans sources, et dont le vide est proportionnel aux partages.

Interrogeons-nous sur ces contenus et notre manière de les consommer et partager. Même sans IA. Nous avons aussi "généré" (j'emploie ce mot à dessein) ce problème.

👉 Autre exemple : Un chargé de projet réduit à du reporting dans Excel ou Notion, qui n’a plus de marge d’analyse ni de dialogue avec le terrain. L’IA fera ça aussi bien, voire mieux. Mais ce poste-là a-t-il encore du sens ?

***

👉 Pensez à l'infirmière qui, au lieu de soigner, doit remplir des dossiers, au policier avec ses rapports et sans faute de frappe, sinon le travail n'a servi à rien… À tant d'autres métiers que nous connaissons tous, touchés, eux, non pas par la technologie, mais la bureaucratie.

***

En réalité, ce que l’IA remplace, c’est une fonction pauvrement pensée, vidée de sa substance humaine. Et cette tendance ne date pas de l’IA !

Elle vient de décennies d’optimisation, de procédures, de gestion par indicateurs, de recherche d’alignement total et d’uniformisations et d'anglicismes trop fréquemment utilisés sans fondement. Il peut y en avoir si cela a un sens.

On a retiré aux gens leur capacité à observer, improviser, créer, comprendre les subtilités… Et maintenant, on leur dit qu’ils sont remplaçables.

C’est le management qui a rendu les humains remplaçables, pas l’IA.

***

🔍 Ce que l’IA ne voit pas (et ne verra jamais)

L’Intelligence Artificielle a une limite fondamentale :

"Elle" ne sait que ce qu’on lui montre. "Elle" ne fait que ce qu’on lui demande.

Elle ne sent pas. Elle ne doute pas. Elle ne remet pas en question un cadre ou un objectif. Elle ne voit pas le « petit truc » qui fait que ça marche en vrai, sur le terrain, même si ce n’est écrit nulle part.

👉 Le geste d’un technicien qui sait qu’il faut forcer légèrement cette pièce pour que ça s’emboîte.

👉 La remarque d’un commercial qui sent que ce client cache un besoin qu’il ne dit pas.

👉 L’intuition d’un formateur qui comprend qu’un groupe décroche, même si personne ne le dit.

👉 Toutes ces choses non dites, non écrites (voire dissimulées).

C’est toute cette couche informelle, vivante, humaine que l’IA ne perçoit pas.

Elle ne verra pas ce qu’on lui cache.

Elle ne saura pas ce qu’on ne sait pas encore, qu’on sait. (relis cette phrase doucement).

Elle ne comprendra pas ce qui ne tient pas dans un tableau de bord, mais qui change tout.

***

🧩 L’IA ne remplace pas l’humain. Elle remplace le vide qu’on avait laissé.

L’IA agit comme un miroir grossissant. Elle révèle la pauvreté de certaines pratiques de travail. Elle montre que beaucoup de métiers ont été standardisés à l’extrême, vidés de leur dimension humaine, relationnelle, intuitive.

Mais ce n’est pas une fatalité.

👉 Là où l’IA automatise, elle peut aussi libérer.

👉 Là où elle standardise, elle peut révéler ce qui reste à valeur humaine.

Le véritable enjeu, ce n’est pas de savoir si vous êtes remplaçable. C’est de vous demander si on vous a permis d’être irremplaçable.

Un professionnel qui observe, qui s’adapte, qui contextualise, qui crée du lien, qui questionne les règles… n’est pas remplaçable.

Pas parce qu’il est parfait. Mais parce qu’il est vivant. Et que le vivant, par définition, ne s’automatise pas.

***

📌 En conclusion : Et si on changeait la question ?

Au lieu de dire :

« Si vous êtes remplacé par une IA, c’est que vous étiez remplaçable. »

On pourrait dire :

« Si une IA vous remplace, c’est que l’on vous empêchait peut-être d’apporter votre vraie valeur. »

La vraie transformation n’est pas technique. Elle est culturelle !

Elle commence quand on redonne aux métiers leur épaisseur humaine.

Et ça, aucune IA ne le fera à notre place.

***

Et vous ? Qu'en pensez-vous ? Faites-le savoir en commentaires ci-dessous.

***

🔁 Pour prolonger cette réflexion, je parle aussi de ce phénomène dans cet article : 👉 Au-delà des starter packs

Max
Ecrit
Mercredi, Avril 30, 2025, 06:43
Très intéressante et qui fait du bien à lire là où tout est, comme tu le dis, très alarmiste dernièrement. Merci pour ton partage


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